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Dansson nouvel opus, Dans ce jardin qu'on aimait, Pascal Quignard nous fait découvrir le compositeur méconnu Simeon Pease Cheney (1818-1890) qui avait tenté de consigner tous les chants des
Quon ne se moque donc plus de ceux qui se font honorer pour des charges et des offices, car on n’aime personne que pour des qualités empruntées. » Pascal, Pensées (1670) notions évoquées : - le sujet, la conscience, autrui, l'esprit et la matière - l'interprétation - le désir - la morale -la société
Ici le juste prend le sens de ce qui est bon moralement, et qui recherche l’égalité des hommes. C’est une idée, et elle a plusieurs applications possibles. Le fort, lui, est ici une source d’oppression, une contrainte que l’on subit ; elle est objective et appliquée. La question que se pose Pascal ici semble être que, bien que la justice et la force s’opposent, pourraient-elles
Lextrait de Blaise Pascal « Qu’est-ce que le moi ? Un homme qui se met à la fenêtre pour voir les passants, si je passe par là , puis-je dire qu’il s’est mis là pour me voir ? Non
Publiéle 27 janvier 2016. 688. – Qu’est-ce que le moi ? Un homme qui se met à la fenêtre pour voir les passants ; si je passe par là , puis-je dire qu’il s’est mis là pour me voir ? Non ; car il ne pense pas à moi en particulier ; mais celui qui aime quelqu’un à cause de sa beauté, l’aime-t-il ? Non ; car la petite vérole
Les Meilleurs Site De Rencontre Gratuits. Dans cet article, nous allons nous intéresser à la conception pascalienne de l’amour. Naturellement, Pascal est un auteur dont il faut maîtriser la pensée dans le cadre de thème de CG 2022 aimer ». Quelques mots sur Pascal et son ouvrage Pensées » Pascal, contemporain de Descartes, est un scientifique, philosophe et théologien français du XVIIe siècle. Le texte étudié dans cet article est la pensée 688 de ses célèbres Pensées. Cet ouvrage, posthume, rassemble les considérations diverses de l’auteur sur des questions philosophiques et théologiques. Il constitue principalement un plaidoyer en faveur du christianisme. La question philosophique posée dans ce texte Pascal pose ici deux questions liées l’une à l’autre qu’est-ce que le moi ? Peut-on aimer quelqu’un ? Les enjeux de la question Pour bien comprendre l’intérêt de la question, il faut saisir ses enjeux Pascal a en tête la métaphysique de Descartes, qui distingue pour toute chose la substance d’une part, le support, et ses accidents ou qualités d’autre part. Cette conception pose d’importantes questions quant à l’identité du moi. D’autre part, l’objectif de Pascal est également théologique il cherche à amener l’idée que le seul véritable amour est l’amour de Dieu. La thèse de Pascal La double thèse défendue par Pascal est donc la suivante le moi est introuvable et l’on ne peut aimer que les qualités d’une personne, jamais la personne elle-même. Le plan du texte Le texte s’ouvre sur la question fondamentale qui y est traitée qu’est-ce que le moi ? On envisage premièrement deux réponses possibles à la question, réponses que Pascal rejette tour à tour le moi est une personne indéfinie ; le moi est ses qualités physiques. Cette deuxième question permet de traiter conjointement la seconde question peut-on aimer quelqu’un ? La deuxième partie du texte évalue une troisième réponse le moi, ce sont les qualités intérieures, les qualités de l’âme. Aimer les qualités intérieures de quelqu’un, ce serait donc bien l’aimer lui. Mais Pascal rejette également cette troisième réponse. Dans une troisième et dernière partie, Pascal évalue une autre réponse possible à la question de l’amour aimer quelqu’un, c’est l’aimer lui, indépendamment de ses qualités. Cette réponse est également rejetée, et Pascal conclut qu’on ne peut jamais aimer que des qualités. I – Qu’est-ce que le moi ? 1 La définition de la nature du moi Pascal commence par poser directement la question auquel le texte essaie de répondre qu’est-ce que le moi ? Il s’agit donc ici de définir le moi, d’identifier sa nature. On pourrait reformuler la question comme suit où notre identité se loge-t-elle ? Qu’est-ce qui fait que nous sommes cette personne-ci plutôt que cette personne-là ? 2 Réponse 1 le moi est une personne en général La première réponse possible envisagée par Pascal est la suivante le moi, c’est une personne, une personne en général. Si je me place à la fenêtre pour regarder les gens qui passent, je vois des moi. Cette réponse est bien évidemment insatisfaisante quand je me demande ce que je suis moi, ou ce qu’il est lui, je ne me demande pas si je suis ou non, s’il est ou non une personne ; je pose une question plus précise je veux savoir ce qui fait que je suis, moi, une personne particulière, cette personne-ci, et qu’il est, lui, une autre personne particulière, cette personne-là . Le passant dans la rue n’est qu’une personne en général, dont je n’ai pas encore perçu l’identité propre. Le passant, de ce point de vue, n’est donc pas un moi. 3 Réponse 2 le moi est un ensemble de qualités physiques Pascal envisage donc une deuxième réponse, un peu plus crédible que la première le moi se définit comme un ensemble distinct de propriétés physiques. Le moi est l’ensemble des propriétés d’un corps, comme par exemple la beauté. Ces qualités physiques permettent bien de distinguer les moi, car on ne possède pas tous les mêmes. Cette deuxième réponse permet d’introduire la sous-question du texte peut-on aimer quelqu’un ? On pourrait la reformuler comme suit qu’est-ce qu’il faudrait aimer pour aimer vraiment une personne singulière, un moi ? Si l’on répond à cette question, alors on aura aussi répondu à la question de la nature du moi. Si je sais ce qui fait que j’aime Jeanne et pas une autre, je sais aussi ce qui constitue le moi, l’identité de Jeanne. D’où la déviation de Pascal par la question de l’amour pour répondre à celle de la nature du moi. Cependant, Pascal rejette aussi la réponse 2. Si j’aime Jeanne pour sa beauté ou n’importe laquelle de ses propriétés physiques, ce n’est pas vraiment Jeanne que j’aime, mais, en termes métaphysiques, un accident » de Jeanne, et en termes communs, une propriété superficielle et muable de la personne de Jeanne. En effet, une maladie pourrait supprimer cette qualité superficielle de Jeanne sans tuer Jeanne pour autant dans un tel cas, je cesse d’aimer Jeanne alors qu’elle ne cesse pas d’exister. Ce n’est donc pas vraiment Jeanne que j’aimais. Pascal ne fait ici que traduire un sentiment commun ce n’est pas vraiment aimer une personne que de l’aimer parce qu’elle est belle, ou blonde, ou grande. L’amour suppose un attachement à des propriétés plus profondes de la personne. II – Réponse 3 Aimer l’autre = aimer ses qualités intérieures 1 La réponse de la pensée commune Le deuxième moment de la réflexion de Pascal est donc consacré à une troisième réponse, plus solide et plus intéressante que les deux premières aimer quelqu’un, c’est aimer ses propriétés psychiques. Le moi se situe donc dans les propriétés de l’âme de la personne. Ici encore, Pascal traduit une idée commune on n’aime vraiment quelqu’un que quand on l’aime pour sa beauté intérieure » et non pour sa beauté extérieure ». Ces qualités intérieures qu’on apprécie, ce sont par exemple l’intelligence ou la mémoire. Et, tandis que les deux premières réponses semblaient évidemment peu convaincantes, celle-ci paraît solide. 2 La critique de Pascal les qualités intérieures sont également superficielles et muables Mais Pascal la refuse également. Il se sépare donc ici clairement de la pensée commune. Il faut comprendre pourquoi. Il faut pour cela se souvenir de la critique que Pascal faisait à la réponse 2 aimer quelqu’un, ce serait aimer ses qualités physiques. Nous avons vu que les qualités physiques n’étaient que des accidents », des propriétés superficielles et muables de la personne. Mais, explique Pascal, cet argument vaut également pour les qualités psychiques. Admettons que j’aime Jeanne non pas parce qu’elle est belle, mais pour ses qualités intérieures, c’est-à -dire parce qu’elle est intelligente et qu’elle a une mémoire remarquable qui me fait chavirer. Là encore, une maladie ou une autre mésaventure pourrait supprimer ces qualités mentales de Jeanne sans tuer Jeanne. Si j’aimais Jeanne pour son intelligence, je cesserai donc de l’aimer alors qu’elle ne cesserait pas d’exister. Ce n’est donc pas Jeanne en elle-même que j’aimais. III – Réponse 4 aimer l’autre = l’aimer indépendamment de ses qualités 1 L’ultime solution Si l’amour véritable de l’autre ne consiste ni dans l’amour de ses qualités corporelles, ni dans l’amour des qualités de son âme, il semble ne rester qu’une solution pour aimer aimer l’autre indépendamment de toutes ses qualités, c’est-à -dire en quelque sorte aimer son corps pur et aimer son âme pure. En termes métaphysiques, c’est dire qu’il faudrait aimer uniquement la substance » de l’autre, et non ses accidents. La substance, c’est le support permanent sur lequel viennent se fixer nos accidents ou qualités muables. La substance corporelle de Jeanne, c’est le corps de Jeanne abstraction faite de toutes ses propriétés particulières sa forme, sa beauté, sa taille, etc.. La substance spirituelle ou âme de Jeanne, c’est l’âme de Jeanne abstraction faite de toutes ses propriétés particulières son intelligence, sa mémoire, etc.. Il s’agit évidemment d’une chose qu’on ne peut pas voir dans la réalité, mais qu’on peut simplement concevoir intellectuellement. Aimer vraiment le moi de Jeanne, et non ses qualités changeantes, ce serait donc aimer la substance pure de Jeanne. Si j’aime Jeanne de cette manière, je l’aime même si elle change du tout au tout, même si elle perd sa beauté, son intelligence ou sa mémoire. 2 La critique de Pascal un amour impossible et injuste Mais, pour Pascal, un tel amour est impossible et, s’il était possible, il serait injuste. C’est d’abord impossible parce que nous ne pouvons pas aimer une simple notion abstraite, qui n’a rien à voir avec Jeanne telle qu’elle se présente en chair et en os dans mon expérience sensible. Cet amour pur serait, en outre, un amour sans raison si j’aime la substance pure de Jeanne indépendamment de ses qualités, j’aime finalement en Jeanne ce qui est exactement semblable dans tous les hommes. Tous les hommes, considérés indépendamment de leurs qualités, sont des substances pures. Aimer Jeanne de cette amour pur, ce serait donc exactement aussi absurde que d’aimer soudainement n’importe lequel des passants qu’on imaginait au début du texte. Ainsi, en cherchant ce qui faisait l’identité profonde de Jeanne, j’en arrive finalement à quelque chose qui, paradoxalement, la rend au contraire exactement semblable à tous les autres. Mais cet amour, ensuite, serait injuste. Si j’aime indépendamment des qualités de l’aimé, mon amour est une forme de partialité arbitraire. En effet, comme on vient de le dire, tous les hommes sont au fond des substances pures absolument identiques l’une à l’autre. Aimer spécifiquement la substance pure de Jeanne, c’est donc commettre une injustice envers tous les autres, la justice consistant à traiter identiquement les cas identiques. 3 Conclusion le moi est introuvable et l’on n’aime jamais que des qualités Pascal répond donc comme suit aux deux questions fondamentales du texte. À la question de la nature du moi, il répond que celui-ci est introuvable. Il ne se trouve ni dans les qualités ou accidents, qui peuvent changer sans que le moi soit détruit, ni dans la substance pure du moi, qui est identique chez tous. À la question de l’amour, il répond qu’on n’aime jamais vraiment un moi puisque celui-ci est introuvable, mais seulement les accidents ou qualités superficielles de la personne. Que j’aime Jeanne pour sa beauté ou pour son intelligence, c’est toujours les qualités qui sont à la surface de son corps et de son âme que j’aime, et non son corps ou son âme eux-mêmes. Pour résumer ce texte de Pascal à l’aune du thème aimer » Pascal traite ici conjointement 2 questions qu’est-ce que le moi ? Peut-on aimer quelqu’un ? Il montre d’abord que le moi ne peut être défini comme étant la personne en général. Il montre ensuite qu’on ne peut le définir comme une somme de propriétés physiques. Aimer quelqu’un, ce n’est pas aimer simplement ses qualités physiques. Mais, paradoxalement, ce n’est pas non plus aimer ses qualités intérieures ». En effet, de même que la beauté n’est qu’une qualité périssable du corps, l’intelligence n’est qu’une qualité périssable de l’âme. Cependant, il n’est pas non plus possible d’aimer quelqu’un indépendamment de toutes ses qualités corporelles ou spirituelles, d’aimer son corps pur ou son âme pure ce serait à la fois impossible et injuste. On peut donc conclure que le moi n’est trouvable ni dans les qualités du corps, ni dans les qualités de l’âme, ni dans le corps pur, ni dans l’âme pure. On peut aussi conclure qu’on ne peut jamais aimer que les qualités d’autrui, et non son moi profond.
25 octobre 2017 Auteur Tatiana Klejniak, artiste, licenciée en philosophie Résumé Partir d’une question je vous donne un indice, le titre de l’article, voire même de plusieurs, tant qu’à faire, et découvrir que parfois, une question peut ouvrir de nouveaux champs, d’autres possibilités, peut conduire ailleurs, sur un autre chemin. Et parfois, dans cet ailleurs, on s’y reconnaît, soi, l’autre, que je suis pour moi, pour toi. Nous suivrons le récit de M, une partie de son cheminement, et comment elle s’est découverte autre, à diverses reprises, par divers biais. Temps de lecture 15 minutes Télécharger l'analyse en PDF Qu’est-ce que je fous là ? ». Je ne sais pas vous, mais moi, je me la pose de temps en temps, cette question. Ici, ou là , seule, ou pas. Avec en arrière-fond, voire en arrière-goût, un sentiment d’inquiétante étrangeté. L’impression de ne pas, plus, être chez soi. Sentiment propre à tout homme, qui souvent reste voilé, évincé, mais qui se dévoile, parfois, quand la familiarité quotidienne se brise. Un instant, où ce qui semblait familier ne l’est plus, ou inversement. Les deux, familier et non familier, s’avérant, non point antinomiques, mais foncièrement liés. Liée, aussi, à l’inquiétante étrangeté, l’angoisse. Couple inséparable. Il pointera le bout de son nez, ce couple, célèbre, à divers moments, dans la vie de M. Nous allons le découvrir au travers de son récit. Mais encore un mot, avant. Qu’est-ce que je fous là ? », encore, j’y tiens, j’insiste. Telle est, pour Jean Oury, la question fondamentale, à toujours se poser »[1]. Si elle peut apparaître, se glisser, subrepticement, dans diverses circonstances, un souper en famille, avec des amis, seul, en couple, dans la foule, …, cette question, profondément existentielle, touche au plus profond de notre être. Elle n’attend pas de réponse, mais nous interroge. Impossible de l’ignorer. Nous la verrons, cette question, au cours des différents récits, se poser, violente, étincelante, ou en filigrane. Marque humaine, trop, peut-être, ou pas. Un point de départ, parfois, aussi, vers d’autres chemins, de traverse. Oui, ça arrive, et nous allons nous en apercevoir grâce à l’histoire de M, enfin une partie de sa vie, qu’elle m’a confiée. Je l’en remercie, d’ailleurs, ici et maintenant. Et je lui laisse la parole, il est temps. Qu’est-ce qui m’assure que je peux compter sur toi, sur l’Autre ? C’est peu de dire que pour elle, cette question s’est révélée, de façon brutale, sur son lieu de travail. Le boulot était horrible, comme aller en prison, un vrai système carcéral ». Elle y voit un élément déclencheur qui la conduira chez le neuropsychiatre. Il lui donnera des antidépresseurs et parlera d’anxiété. M retourne au travail, dans d’autres services, a, comme elle le dit des comportements de fuite, mais ça n’allait pas mieux. J’ai toujours essayé d’esquiver l’histoire. J’étais très mal dans ma peau, sans personne ». Elle rencontre un homme, se marie, a un enfant, mais, vers trente-sept ans, ce sera beaucoup plus sérieux, je pleurais sans cesse, partout, je n’arrivais pas à arrêter de pleurer. Une tristesse incroyable. Comme une fatalité. J’ai laissé mon enfant à son père. Je n’étais pas la bonne mère, pas responsable ». M rencontre une autre neuropsychiatre, un dragon. J’étais amorphe, je n’avais plus aucune volonté. Elle a proposé de m’hospitaliser. J’étais méfiante, mais ai accepté. ». Antidépresseurs à dose massive, par intraveineuse, électrochocs, six, coup sur coup. M a oublié beaucoup de cette période, elle a des trous noirs, mais se souvient de l’impression d’être une autre. Je parlais à des gens que je ne connaissais pas. J’étais désinhibée, comme quelqu’un d’autre qui vivait à ma place ». Après quatre ou cinq mois à l’hôpital, on lui donne du Rohypnol, et là elle décide de le cracher dans l’évier, signe pour elle qu’elle reprend conscience. Elle pourra, peu de temps après, dire à la neuropsychiatre qu’elle veut sortir. Celle-ci attendait que M puisse l’articuler. Dire, s’exprimer, par les mots, M ne savait pas le faire. Dans ma famille, on ne parlait pas, chacun vivait dans sa bulle. Mes parents étaient là , sans y être. Je ressentais un grand sentiment d’insécurité, la peur d’être abandonnée. J’ai reproduit ça dans mes couples. Quand on me quittait, la terre s’arrêtait de tourner. Je ne savais pas me situer. Les autres étaient mon miroir. J’étais comme ça ». Un grand sentiment d’insécurité. Soi et l’Autre. Il y va, ici, pour Lacan, de ce quelque chose de primitif qui s’établit dans la relation de confiance. Dans quelle mesure et jusqu’à quel point puis-je compter sur l’Autre ? Qu’est-ce qu’il y a de fiable dans les comportements de l’Autre ? Quelle suite puis-je attendre de ce qui déjà a été par lui promis ? »[2]. Interrogation primitive, commune, à toutes et tous, à la base de l’histoire de chacune. De fait, là aussi, je ne sais pas vous, mais moi je me la pose souvent cette question. Elle m’accompagne. Qu’est-ce qui m’assure que je peux compter sur toi, sur l’Autre, qui pourtant m’a donné sa parole. L’a-t-il donnée d’ailleurs ? Vraiment ? Mais ça se reprend une parole, ça tient à quoi ? Es-tu là , réellement, pour moi ? Existe-t-il un lien, entre nous ? Et si je n’étais rien pour toi, rien du tout, ou si peu. Et l’on pressent, à quel point, ces questions remontent, de loin. C’en est étourdissant. Et pointe, notre célèbre couple, inquiétante étrangeté et angoisse, jamais très loin quand il s’agit de questions existentielles. Un combat ordinaire Bref. Pour M, ce lien n’existait pas, elle ne l’a pas connu. Elle a dû trouver comment le tisser. Je ne sentais pas ce lien avec mes parents. Pourtant, ils m’aimaient, mais il y a des manques. Les paroles, les échanges étaient interdits. Je n’avais pas droit à l’échec. Je voulais un lien indéfectible, qu’il y ait au monde quelqu’un pour qui je compte vraiment. J’y croyais quand même ». M a eu un fils. C’est pour lui, notamment, qu’elle réprimera ses idées de suicide. Je ne pouvais pas infliger ça à mon fils que j’ai voulu profondément, avec qui le lien ne se défera jamais. Idéalement, c’est le lien le plus fort qui soit. C’est toi qui fais le lien, la relation avec l’autre c’est toi chaque jour, je l’ignorais complètement ». Créer du lien, un nouveau mode de vie. Pouvoir s’appuyer, sur quelque chose, quelqu’un. Une autre façon d’être au monde, de faire avec, soi, les autres. M le découvrira, notamment, en s’inscrivant à l’académie. Ce sera le seul milieu où je me suis sentie bien. J’étais au niveau des autres, alors qu’avant je me sentais en dessous, j’étais comme chez moi. Ce fut ma thérapie. J’avais trouvé ma façon de m’exprimer. Je n’ai jamais eu la parole facile ». M peut dès lors se dire, être en rapport avec les autres, grâce à l’art, et être reconnue, aussi, par les professeurs, et leurs appréciations. Sa démarche créative lui permettra à la fois de s’émanciper, d’affirmer sa singularité, et du même mouvement de faire lien, de se rendre visible, d’être reconnue, par l’Autre. Enfant déjà , M gribouillait sans cesse, et se racontait des histoires, avec tout et n’importe quoi, inventait une vie sociale. La peinture deviendra son mode d’expression, comme possibilité de lien, une façon de se positionner avec les autres, ce que je ne sais pas faire avec la parole ». Pour M, créer, lui permettra à la fois de se positionner comme sujet, de s’exprimer, et de s’adresser à l’Autre. Une rencontre devient possible, et dès lors des événements peuvent survenir. Ainsi a-t-elle trouvé une possibilité de vivre et de dire à l’autre, malgré mon effacement. Pouvoir m’adresser à l’autre. Car les autres m’intéressent, mais je n’arrivais pas à comprendre les autres car je ne savais pas qui j’étais. Exprimer sa créativité, c’est lié à la vie. C’est parce qu’on est créatif qu’on a survécu. On fait avec des petites choses ». Des petites choses, particulières, à chacune. Des bricolages, singuliers, inventions personnelles, et uniques, toujours, qui ouvrent à l’événement, à de nouveaux chemins, d’autres modes d’existence. Libérer la vie là où elle est prisonnière, comme disait l’autre Deleuze[3], ou essayer. C’est un combat, incertain, un combat ordinaire titre d’une très belle bd de Manu Larcenet, que je vous conseille, en passant. Vous y retrouverez le sentiment d’inquiétante étrangeté, le sien, de sentiment, et ses angoisses, aussi, et beaucoup d’autres choses, très belles, et vivantes. Son bricolage à lui, ce sera la bd, enfin notamment, car je ne le connais pas personnellement Manu. Bon, je ferme ma parenthèse. Allez, quelques questions, pour la route, les dernières, promis. J’ai utilisé des mots, quelques lignes plus haut, qui en fait sont bien plus lourds de sens que ce que je n’imaginais. Les voici, en vrac se rendre visible à qui ?, s’exprimer, dire et le plus compliqué, à mes yeux, être reconnue[4]. Car, vous allez me dire, car vous me suivez, hein ? Par qui, mais oui, par qui pardi peut-on le peut-on ? le doit-on ? se dire reconnu? Par moi, toute seule, je me reconnais ? C’est peu, non ? Par toi, tel ou telle autre. Dans le cas de M, notamment, les professeurs, à l’académie. Mais dès lors, et je sens que cette affaire est définitivement plus complexe que prévue, donc je reprends, et je vais être trop longue, je le sais. Si tu me reconnais, il me faut te reconnaître, en retour. Que vaudrait la reconnaissance de quelqu’un que je ne reconnais pas ? Et si je la perds, cette reconnaissance que me donne cet autre, que reste-t-il ? Et s’il s’agissait, aussi, d’une reconnaissance non pas liée à tel ou telle autre, mais une reconnaissance symbolique, de l’Autre, avec majuscule concept fort complexe que j’emprunte à Lacan sans le maîtriser totalement, du tout… Bon, j’ai un peu mal à la tête. On en reparle, d’accord ? Découvrir nos récits, analyses conceptuelles et analyses d'oeuvres ?Découvrir les propositions politiques du Mouvement pour une psychiatrie dans le milieu de vie ? Références
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